Un manuscrit à la poubelle, les règles d'or des écrivains

Publié le par Didier Fédou

 

Aujourd'hui, je viens de foutre en l'air le roman que je préparais après Dévoreuse.

Plus de quinze ans de gestation, une bonne douzaine de ré-écritures, je le sentais prêt, j'avais tiré un copie reliée sur Lulu pour y jeter un dernier coup d’œil, et...

Aïe-aïe-aïe... dans mon souvenir, c'était quand même moins mauvais. J'avais mes images dans la tête, ce que j'avais voulu exprimer, les scènes de bravoure, les scènes d'amour, la dernière bataille du héros dans le soleil couchant...

Mais l'histoire était morte. Au tout début, j'avais écrit sans scénario, puis au fur et à mesure des corrections, je corrigeais ce qui n'allait pas, et en prenant de l'âge et de l'expérience, il y avait de plus en plus de choses à corriger. Un peu comme si on collait des rustines les unes sur les autres sur un vieux ballon de baudruche tout pourri.

Malgré mes efforts, j'avais fait trop d'erreurs.

 

Quelles sont les règles d'or des écrivains ?

 

SHOW, DON'T TELL : hé bé justement, trop de passages où j'expliquais les choses. C'était plus simple (l'histoire impliquait 25 personnes aussi...) Grosse erreur de dire « Untel était de tel caractère » au lieu de le mettre en scène pour que le lecteur le voit par lui-même.

 

ELIMINER L'INUTILE : j'en avais de pleines brouettes. L'histoire se passait sur une île déserte et comme les techniques de survie sont une de mes marottes, il a fallu que je ramène ma science. C'était sympa, mais ça n'apportait rien à l'histoire.

 

UN SCENARIO SOLIDE AVANT TOUT : comme je l'ai dit, j'ai réécrit ce bouquin plusieurs fois, et il y a des scènes que je recyclais parce que je les aimais bien, mais elles n’étaient plus cohérentes avec les nouvelles. Au lieu de tailler dans tout ça, je collais des rustines supplémentaires pour faire les joints.

 

UN DEBUT EXPLOSIF, UN MILIEU QUI NE LAISSE PAS DE REPIT, UNE FIN QUI DONNE ENVIE D'Y REVENIR : je n'ai tout simplement pas réussi le début. Toute la première partie de l'histoire était un assemblage de scènes qui ne respectaient pas le Show, don't tell. Il fallait attendre la deuxième moitié pour commencer à ressentir quelque chose, un comble pour un roman d'aventures !

 

Donc voilà, plutôt que de coller encore des rustines, le manuscrit est allé aux archives et je suis passé à autre chose. On apprend toujours de ses erreurs, et il faut savoir se remettre en question, voilà la morale de cette histoire.

 

PS : Ce bouquin s'intitulait Le roi et le tyran et j'y ai passé beaucoup de bon temps dessus. Qui sait s'il ne repassera pas sous mon stylo un jour...

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